Un nouveau venu et une entrée fracassant, voilà comment pourrait-t-on définir l’arrivée de Demago sur le devant de la scène. En effet, les deux compères n’ont pas attendu longtemps pour faire parler d’eux puisque leur premier album a déjà créé une déferlante et a sérieusement ébranlé les monuments vieillissants du rock français. Le nom du groupe est loin d’être innocent et cette touche de provoc’ n’est qu’un avant goût de ce qu’est réellement cet album. Rien que ce nom, «Demago» met l’eau à la bouche et laisse entrevoir de belles perspectives. Le problème reste néanmoins que ces bons présages ne doivent pas rester des lettres mortes inscrites sur une pochette d’album. Les deux compères nous font une promesse, ils doivent la tenir. Et que dire du résultat si ce n’est qu’il est au dessus de toutes les espérances. Enfin un groupe qui annonce la couleur et qui tient ses engagements voire plus, qui vous donne plus que ce que vous lui en demandiez. Les membres du groupe sont énervés, écoeurés et ils le font savoir. Leurs morceaux sont corrosifs à souhait, certains brutaux, d’autres plus tournés vers le second degré mais tous dénoncent sans faire de concessions. Tout y passe, les institutions, les gens, la politique. Personne n’est à l’abri de leurs foudres qui s’élèvent contre la société actuelle, ses dérives et ses excès. Les compères sont dégoûtés, écoeurés et ça s’entend, exaspérés par un monde où ils suffoquent. Les textes sont abrupts et sans équivoque, Demago ne fait pas dans le détail. Les morceaux s’enchaînent et reste toujours ce sentiment de hargne, une rage qui ne peut rester au fond de leur corps et qui doit sortir à tout prix, hurlant ainsi tout haut les maux dont ils souffrent en silence. Néanmoins, la dérision a la part belle et fait passer la pilule. Tout ça dans un univers plus qu’électrique qui ne peut que ravir. Mention spéciale au titre « Mes mains » qui vous plonge dans un univers sombre hallucinant, baigné par une atmosphère instrumentale assez époustouflante. L’univers du groupe est violent et unique en ce genre, un vrai rock sombre d’écorchés vifs. C’est nouveau, c’est frais, un nouveau vent souffle sur le rock français avec cet opus. De la provoc’, du gros son, le tout assaisonné d’une poésie novatrice, Demago a débarqué avec ses gros souliers et s’installe pour longtemps.
